Nous sommes en hiver, autour de l’an 1890 en Bavière, dans la ville de Kulmbach. Un jeune brasseur qui avait pour mission de rentrer les tonneaux de bière dans les stocks oublia à la fin de la journée un tonneau de doppelbock à l’extérieur. Pendant la nuit, la bière a gelé. Toute la bière ? Une partie seulement. Vous le savez, l’alcool a un peu plus de difficultés à geler que l’eau.
Quand le patron découvre l’erreur de son employé, il le punit en l’obligeant à boire cette partie non gelée. Le jeune brasseur, honteux et confus, jura, mais un peu tard qu’on ne l’y prendrait plus.
Sauf que… Sauf que le résultat n’était pas si mauvais, et qu’il venait d’inventer un nouveau style de bière : la Eisbock.
C’est ce que raconte la légende.
La tarte tatin de la bière ?
La technique pour brasser une eisbock est finalement assez simple sur le papier : Il suffit de reproduire la même erreur. Brassez une bock, faites-la geler, supprimez ce qui est gelé et récupérez le reste (et recommencez). Vous voilà avec une bière forte (puisque concentrée avec tout l’alcool du brassin, mais avec moins de liquide). On appelle cette technique, la solidification fractionnée.
La Eisbock est finalement une extension de style puisqu’avec une base de bock, de doppelbock, dunkel, et autres weizen, le brasseur peut proposer des bières très différentes. Certains brasseurs en profitent aussi pour séparer leur brassin et proposer une bière eisbock spéciale, issue d’un brassin connu de leur public.
Ca goûte quoi ?
Une des principales caractéristiques de la Eisbock, c’est bien sûr l’alcool. Plus concentrée, on en trouve habituellement affichant des taux de 9 à 14% (BJCP 9B). La couleur peut aller du rouge cuivré au brun foncé. Les houblons sont peu présents. L’équilibre est présent entre l’alcool et le malt (goûts de caramel, grillé, fruits rouges…) et on y trouve de la rondeur et peu de carbonatation.
Le trône de glace
Je vous vois venir ! Vous vous dites qu’il y a moyen de produire de l’alcool en masse dans cette bière ! Et vous avez raison !
Les allemands de la brasserie Schorschbräu ont brassé la Schoschbock, une Eisbock à 30% ! Rien que ça ! La brasserie affichant fièrement sa bière la plus forte au monde a évidemment titillé d’autres brasseries. Ni une ni deux, c’est Brewdog qui intègre la course et propose alors la Tactical Nuclear Penguin à 32%. La brasserie allemande reprend la main, mais les Ecossais débarquent avec la Sink the Bismark à 41%, puis la End of History à 55% (cette dernière s’était également faite remarquer pour son édition limitée taxidermie…, mais c’est une autre histoire). A noter que les Allemands ont finalement sorti une bière à 57%, leur permettant d’afficher fièrement leur record du monde (ils revendiquent aussi ce titre parce qu’ils considèrent que les autres ne sont pas des vraies eisbock). D’autres bières sont entrées dans le jeu et affichent aujourd’hui un taux plus élevé : Armageddon de chez Brewmeister, Start the future et Mystery of the beer de chez Koelschip (Reste encore la Snake Venom, qui n’est pas une Eisbock mais une Barley Wine, ou autre chose). Le petit monde de la Eisbock a connu véritable une petite bataille rangée autour de ce titre tant convoité (pas tellement intéressant mais convoité).
Quand Brewdog présentait la Sink the Bismark :
Et vous, avez-vous déjà goûté une eisbock ?
Sources pour aller plus loin :
http://www.brassageamateur.com
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Top 10 des bières les plus fortes du monde
http://www.guide-biere.fr/encyclo/lexique.php?Fnum=61
Kegerator.com